Chapitre 7:

Je ne sais plus… Est-ce une excuse ? Douleur, haine et peur sont en moi. Je les ai reçues en héritage alors que je ne les avais jamais demandées. Quand je suis descendu ici, il y a près de vingt-cinq ans, savais-je ce que j’acceptais de prendre avec ce corps ?
La vie, ici-bas, est un gigantesque puzzle. Les expériences que je vis et les leçons que je tente d’en tirer me mènent je ne sais où. La véritable raison de ma présence ici m’a été enlevée alors que je poussais mon premier cri de douleur d’être humain.
La spiritualité et l’amour divin, qui forment ce tout qui nous entoure et, surtout, qui font ce que nous sommes, deviennent de plus en plus impalpables au fur et à mesure que nous nous en approchons, si différents qu’ils sont de tout ce qui nous touche au quotidien. Un irrémédiable trou se creuse en nous et à l’extérieur de nous.
Les éternelles remises en question qu’impliquent toutes ces leçons, les changements profonds qui s’opèrent en nous, l’ombre de la vérité qui se joue de nous, au fur et à mesure que nous tentons de la rattraper, sont autant de bouleversements auxquels nous n’avons pas été préparés.
Une fois la leçon de l’éveil comprise et nos conflits intérieurs résolus, notre relative paix intérieure nous permet de relever la tête. Notre regard se tourne alors vers le monde extérieur, et la vérité intérieure se confronte à la réalité extérieure. Notre énergie semblant suffisamment élevée, nous recherchons, au fond de nos cœurs, la marche à suivre, un signe, une lumière. Notre cœur nous exhorte à ne pas baisser les bras, à continuer à avancer.
« Partage » est le premier mot qui nous vient aux lèvres. C’est ainsi que nous nous accrochons, tentons de trouver des récepteurs, aussi peu nombreux soient-ils. Mais la réalité et la vérité ne font pas bon ménage.
Le temps, l’incompréhension grandissante de nos proches, de nos semblables — de moins en moins semblables — et, surtout, cet éternel combat pour s’octroyer l’énergie finissent par avoir raison de nos plus fermes volontés. Tout le monde connaît la déception qui en découle : la frustration qui se transforme en douleur, la douleur en doute et le doute en peur et abandon. Signes indiscutables que même les êtres « éveillés » sont des humains. J’en suis là.
Les énergies ont faibli ; la foi a vacillé ; le cœur s’est perdu… L’évolution devient stagnation ou régression.
Si l’accession à la spiritualité est la prochaine étape de l’humanité, il en découle naturellement que notre côté humain devient le principal obstacle à surmonter. Le plus déconcertant est sûrement que tous ces états sont en nous, les plus hautement spirituels comme les plus bassement animaux, voir végétatifs pour certains d’entre eux.
Notre statut d’être humain est des plus ambivalents : le meilleur comme le pire sont en nous. C’est d’ailleurs certainement pour cela que nous nous trouvons à cette place dans l’évolution de la vie sur cette planète.
La spiritualité tend à descendre jusqu’à nous, et les énergies s’offrent à notre conscience pour nous montrer la voie de l’illumination. C’est dire que plus notre conscience s’éveille, plus nous augmentons notre énergie pour nous approcher de la spiritualité.
Il est communément admis que tout est énergie et vibration, des objets les plus compacts aux plus imperceptibles molécules d’air. Jusqu’à l’apparition de l’Homme, les vibrations d’énergie, sur cette planète, étaient fixées par l’équilibre de la nature.
L’énergie interne permet de maintenir l’intégrité d’un corps. Les vibrations permettent donc d’assurer son existence propre, et le rayonnement de chacun d’eux permet l’échange d’énergies nécessaires et obligatoires à la survie de ces mêmes corps. Là où cet état de fait était naturel et invariable dans le règne minéral, végétal et animal, l’apparition de l’Homme et de sa conscience immature des choses a perturbé cet équilibre d’apparence inébranlable, mais pourtant des plus fragiles.
Pendant des siècles, l’Homme a imposé son espèce à l’ensemble des êtres vivants, profitant inlassablement des ressources, donc de l’énergie qu’ils pouvaient lui apporter. Mais au lieu de la renvoyer à ceux qui leur en avaient fait offrande, fermant ce cycle de symbiose et de cohabitation des espèces, dans un esprit de possession, de pouvoir et de contrôle, l’être humain s’est joué de la nature, sa cupidité prenant le pas sur la sagesse qui lui aurait permis de trouver la place qu’il cherche encore.
Cette énergie, si injustement acquise, a stagné, brûlant le cœur et l’âme de chaque homme, qui n’a plus maintenant qu’un seul dessein dans sa pauvre et misérable vie : dompter cette énergie et se leurrer quant à son sentiment de pouvoir, de domination et de contrôle sur toutes choses…
Là où nous autres, pathétiques humains, nous déchirons encore, la nature, dans son amour divin, ne nous a pas encore abandonné, continuant de nous montrer la route à suivre dans le partage de l’énergie qui créera l’équilibre entre les êtres humains puis les ramera en son sein.
Equilibre qui donne une place à chaque chose et permet l’accomplissement du véritable dessein de l’Homme.
Ainsi, comprendre l’essence même de la nature et appréhender l’énergie divine constitue l’étape essentielle au dépassement notre condition d’Hommes qui nous perd depuis trop longtemps.