Chapitre 6:

Si nous croyons être seuls, nous avons probablement raison, car nous faisons partie de ces quelques milliards d’êtres humains qui le sont. Jamais nous n’avons été aussi nombreux sur cette planète et jamais la solitude n’a été aussi grande ! Nous nous sentons malheureux, perdus, rejetés, délaissés, incompris, abandonnés, blessés, contraints, mal-aimés…Les joies et bonheurs se font de plus en plus rares, n’est-ce pas ? Nous n’avons plus le temps de souffler, de rêver, de nous reposer, de vivre, d’aimer…
Une bonne biture entre potes, deux ou trois taffes de ces élixirs de bien-être et, après quelques barres au crâne et des trous de mémoire, nous repartons pour un tour. Nous n’allons pas bien ; nous traînons les pieds pendant toute la journée en attendant la défonce du week-end ; les jours nous rattrapent, quoi que nous fassions. Lorsque revient le lundi, nous sommes accompagnés par des mêmes prises de tête, par le boulot pour les plus courageux, par les grasses matinées difficiles pour les autres. Finalement, rien ne change. Un jour, peut-être, nous devenons plus sérieux. Nous arrêtons la picole tant qu’il n’y a pas de petite déprime à l’horizon. La fumette, ce n’est plus pour moi. Cela ne fait plus très sérieux, à trente-cinq piges, d’avoir des trous de boulettes sur le canapé et des cartons partout dans l’appartement. Quel est le pire ? Se faire griller par ses enfants en train de fumer un pétard ou se rendre compte que les montées finissent par ne plus monter et que les descentes sont encore plus pitoyables que la vie qui nous entoure ?
Il n’y a pas d’autre échappatoire que de regarder la vérité en face. Se démonter la tête, Dieu ! Que cela fait du bien ! Une taffe, une petite cigarette de coque et, pourquoi pas ? Un petit rail ou un cacheton… Une légère entorse à la règle n’a jamais fait de mal à personne. Bizarrement, nous sommes réellement prêts à tout dans l’état où nous mettent ces substances : refaire le monde avec de grandes idées qu’il faudrait noter parce qu’avec ce que nous tenons, nous ne sommes pas sûrs de nous en souvenir le lendemain. Repeupler la France, cela pourrait être sympa. Encore faudrait-il que nous en ayons la force, mais ce n’est pas gagné ! Qu’on a rigolé ! Je ne sais plus ce que nous avons bien pu faire, mais c’était génial !
Quand nous devenons plus vieux nous passons à des palliatifs légaux : antidépresseurs, anxiolytiques… Je suis toujours aussi mal dans ma peau, mais je me soigne. Et puis, il y a cette putain de bouteille de rhum ou de vodka qui traîne dans un coin…
Ha ! Les artifices sont, tout de même, assez nombreux pour nous permettre de rêver encore un peu à ce monde où il ferait bon vivre. Nous connaissons tous quelqu’un qui est passé par là. Peut-être même que nous y sommes passés aussi. Qu’est ce qui peut nous aider à lâcher prise ? Le gouvernement qui, hypocritement, donne d’une main ce qu’il reprend de l’autre, sans oublier sa petite « contribution » au rêve que tentent de se créer ses moutons bien gardés ? La Sécu, qui bouche ses trous avec les mêmes ambitions salvatrices que ce prêcheur de bons sentiments que l’on nomme l’Etat ? Ne vous inquiétez pas, on vous garde bien au chaud une bouteille d’alcool, un mégot bien cancérigène, un stick ou un cachet de paix au cas où vous voudriez vous réveiller de ce rêve de liberté que l’on vous vend à bon prix.
Nous sommes libres de faire, de dire, d’acheter, de vendre, de s’endetter à souhait, à condition que ce soit pour le bien de tous, donc pour le portefeuille de nos dirigeants. C’est tellement bon de se contenter de rêver à un mieux plutôt que de regarder le pire en face. Nous sommes contrôlés et non plus dirigés. Nous ne mangeons plus à la table de l’humanité ; nous attendons les restes, bien docilement, s’ils finissent par tomber de cette table où tout sent le luxe et l’opulence. Nous attendons le bon vouloir de ces hommes et femmes élus par nous et pour nous. Ce serait presque un crime si nous ne trouvions pas deux ou trois guerres bien placées pour nous montrer qu’il y a pire ailleurs.
Quand, pour la dernière fois, avons-nous tendu la main à quelqu’un de moins avantagé que nous ? Je ne parle pas d’actes de pseudo charité destinés à nous donner bonne conscience. N’avons-nous jamais ressenti cette véritable paix intérieure en souriant à quelqu’un qui ne tente pas de nous acheter notre sourire ? Que se passe-t-il en nous quand nous parvenons enfin à ouvrir votre cœur pour mieux le faire rayonner ? J’entends déjà les excuses : Tout le monde n’est pas pareil. Il y aura toujours des méchants prêts à tout pour arriver à leurs fins. La vie, c’est comme ça : on n’a pas tout ce qu’on veut, mon gars !…
La vérité est que nous avons tous peur de vivre comme notre cœur tente en vain de nous le dicter. Sommes-nous réellement tous si différents pour avoir si peur de vivre en harmonie ? Nous avons peut-être peur d’avoir l’air ridicule, de passer pour des fous, des utopistes, des rêveurs sans lendemain. Ne nous inquiétons pas. Si c’était une maladie mortelle, je serais mort depuis longtemps !
J’aime à croire que mes mots font sourire mes lecteurs, ce qui signifierait qu’ils auraient réussi à les toucher.
Notre cœur est un soleil qui ne demande qu’à briller. Qu’est-ce qui l’en empêche ?
La société et ses lois, peut-être ? Les lois de la nature sont beaucoup plus anciennes et moins pernicieuses que celles inventées par l’Homme.
Le gouvernement et son monopole de la pseudo liberté matérialiste et capitaliste, alors ?
La liberté et la morale sont les véritables cris de délivrance du cœur et de l’esprit humain !
A moins que ce ne soit la religion, qui a grand peine à redonner la foi à ses brebis égarées ou qui a perdu le contrôle de ses adeptes fanatiques prêt à faire couler le sang au nom de Dieu. Mais Dieu est l’image même de l’amour sans quoi nous ne serions pas là.
Prendre conscience de notre statut d’êtres humains nous assure notre accession à la spiritualité universelle.
Tout ceci n’est pas le privilège d’une élite quelconque ou réservé à une minorité d’êtres humains. C’est tout ce qui sommeille et qui pleure en nous depuis que l’Homme marche sur cette planète.
Si la haine existe en ce monde, c’est simplement pour excuser notre manque de courage à ouvrir notre cœur et notre peur de regarder nos semblables comme d’autres nous-mêmes.
Détruirons-nous la planète ? Exterminerons-nous toute l’humanité pour enfin nous rendre compte, mais trop tard, que ce qui nous manque, c’est l’amour ? Nous avons tous, depuis trop longtemps, tourné le dos aux véritables valeurs de l’humanité. Seule une prise de conscience collective pourrait réparer nos erreurs et effacer nos fautes envers la vie. Notre cœur déborde de cet amour qui nous fait peur, car nous ne nous doutons pas des choses immenses que nous pouvons réaliser par amour. Avant tout, il nous faut retrouver ce cœur d’enfant de la nature, plein d’humilité et d’émerveillement face au prodige de la vie.
Ayons foi en notre cœur, et il nous montrera la voie. Ayons foi en l’amour qui guidera nos pas.